Journée placée sous le signe de la spiritualité !
Aussi je ne parlerai pas des jeunes nepalais bruyants qui ont un peu perturbé notre endormissement dans la bergerie de Sasarhbeni, ni de leur fumette qui a transformé nos dortoirs en fumoirs.
Je ne parlerai pas non plus du petit groupe d'Indiens patibulaires mais presque, entassés dans la partie réfectoire de la bergerie et qui ont ambiancé le souper de leurs rots sonores...
Mais je retiendrai ce moment unique après 700m d'ascension, ou Dawa nous fait le récit très personnel du voeu exprimé par son papa au lac sacré Dadkakunda d'avoir au moins 6 garcons: il en aura 7.
A 4600m, autour de ce lac, chacun a pu, loin de la futilité du chrono ou de l'alti, prendre un temps d'introspection et de recueillement dans le silence du lieu, et exprimer un voeu pour soi ou pour autrui. Une fois revenus a nos vies trépidantes le petit caillou que chacun a plongé dans ce lac béni nous rappellera ce moment unique de méditation ou le temps nous paru suspendu.
Mais la journée a aussi été placée sous le signe de l'aventure !
De retour du lac il n'est que 10h30 et voila la petite troupe en route pour Luja. Ici pas de faux col selon Thierry le jovial ! Mais un, puis deux cols auxquels nous accedons parfois "droit dans le pentu". Nous retrouvons le long des sentiers l'odeur poivrée des azalées et au detour du "caillou au beurre" nous entamons la descente vers Luja. Ne vous attendez pas a un village, encore moins a une ville: Luja se résume à 2 bergeries nichées sur un plateau entouré de hauts sommets.
4 murs de pierres et une bache en plastique en guise de toit, voila notre hotel pour la nuit.
A peine les sacs posés le vent se leve et les premiers flocons blanchissent le sol.
Hervé le batisseur renforce l'isolation car la neige pénétrait dans la bergerie.
Dawa le magicien organise la nuit: un brasero est allumé pour nous rechauffer , une tente et des matelas supplementaires sont acheminés par 2 porteurs (2h aller et 3h retour, a la frontale et sous la neige), renforcant notre admiration pour le courage de ces hommes.
Ici a 4200m, au milieu de rien, les cuisiniers nous servent deux improbables et incroyables assiettes de frites, suivi de spaguettis bolognaises: de la magie.
Aucun d'entre-nous n'a du se sentir aussi pleinement vivant que ce samedi 4 novembre,
Aucun d'entre-nous n'a sans doute jamais ressenti autant d'émotions en 24h,
Danyabad Dawa.
Ps: qui des campeurs ou des bergers aura passé la moins mauvaise nuit ?
Vous le saurez en lisant le prochain episode du Solukhumbu 2023